Qu’est-ce que le yoga?
Quand, dans notre monde occidental, une personne non avertie découvre la pratique du yoga dans un cours d’initiation, elle peut souvent en déduire que cette discipline se résume à une gymnastique un peu sophistiquée utilisant la respiration et destinée à relaxer le corps et apaiser l’esprit. Le yoga est cependant beaucoup plus que cela. Il paraît donc utile de donner une très brève information à son propos à tous ceux qui souhaitent en commencer la pratique.
L’origine du yoga
L’origine du yoga est très ancienne. Il s’est développé il y a plus de 2000 ans sur le territoire de l’Inde actuelle. Il résulte de la rencontre de la culture védique propre à des nomades venus du nord-ouest et d’une civilisation dravidienne déjà implantée dans le sud du sous-continent depuis des milliers d’années.
Une vison profonde
De façon simplifiée, on peut dire que le yoga a pour fondement une vision profonde, fine et objective de l’homme, de sa vie et de ses aspirations. À partir de là, il suggère certains comportements sous forme de règles éthiques précises et propose des techniques destinées à nous aider, tout d’abord à vivre plus heureux et en meilleure santé, ensuite à nous permettre de découvrir progressivement notre vraie nature, nous libérer des chaînes de notre passé et nous « sauver » au sens métaphysique du terme. Il s’agit, en d’autres termes, de reconnaître la réalité de notre Être, entité spirituelle, éternelle et bienheureuse. En ce sens, le yoga se situe au niveau de toutes les disciplines spirituelles et de tous les cheminements philosophiques et religieux connus.
Cependant, par ses caractères propres et notamment par la grande ouverture et la neutralité des disciplines proposées, la pratique du yoga peut s’adresser à toute personne, athée, agnostique ou croyante et quelle que soit la religion à laquelle elle appartient.
Le yoga externe et interne
Le yoga externe
En bref, le yoga classique comporte une partie dite « externe ». Celle-ci propose l’application de règles éthiques en relation au monde et à soi-même, l’application d’une discipline corporelle et d’une discipline respiratoire ainsi que d’une pratique de maîtrise psychosensorielle favorisant la concentration et la quiétude intérieure.
Le yoga interne
Il comporte une deuxième partie, dite «interne », qui concerne les techniques de concentration, de méditation et d’intégration conduisant progressivement à la possibilité d’une vision pénétrante et paisible de toute chose, en un mot, à la sagesse.
Et le viniyoga?
Le terme viniyoga appartient au yoga classique. Il indique que le choix de la pratique doit se faire avec le plus grand soin. Dans son enseignement, le professeur T. Krishnamacharya de Madras, en Inde du Sud (1888-1989) utilise ce terme pour insister avec force sur l’importance d’une juste application des techniques psychosomatiques du yoga à chaque adepte, en tenant compte d’un certain nombre de considérations individuelles. En 1983 naissait la revue Viniyoga et, presque aussitôt après, les divers mouvements d’enseignants nommés d’après ce terme, tout cela à l’instigation de T.K.V. Desikachar, fils et disciple de Krishnamacharya.
Il était en effet de première Importance d’assurer une application adéquate du yoga aux Occidentaux, si différents des Indiens, physiquement, culturellement et à d’autres égards. Cette idée de prendre en considération avec soin toute une série d’éléments avant de donner un enseignement est donc essentielle pour la transmission du yoga en Occident.
Les techniques psychosomatiques
Les trois principales techniques psychosomatiques du yoga classique
- Les postures (āsana)
- Les techniques respiratoires (prānāyāma)
- Certains gestes particuliers (mudrā) qui scellent le grand souffle de vie (Prāna) dans le corps.
Ces techniques sont utilisées conjointement dans des séquences pratiques de durées et d’intensités variables. Elles jouent un rôle important dans l’ensemble de la démarche du yoga.
On peut résumer les principaux effets de ces pratiques en cinq points
- Assurer, protéger et développer la force, la souplesse, la résistance, l’équilibre et la relaxation du corps (vajra kāya)
- Redresser le corps, le corriger et l’aligner en profondeur (sema kāya sharīra)
- Maintenir l’activité du feu digestif à son meilleur niveau (jathara agni jaya)
- Harmoniser, ordonner et orienter la circulation du grand souffle de vie (prāna)
- Développer l’aptitude à la concentration de l’esprit ; ceci favorise l’intériorisation, produit le recueillement, la quiétude, la méditation, l’oraison intérieure (dhārana, pratyāhāra, dhyāna)
Ces fruits concernent en tout premier lieu la santé physique et mentale. Une personne qui pratique avec une grande régularité est, d’une façon générale, dans un très bon état de santé. Elle jouit d’un bon équilibre et possède beaucoup d’énergie jusqu’à un âge avancé. De plus, si elle s’y engage de plus en plus profondément, l’action de répéter quotidiennement l’exploration de son corps et de son souffle, combiné à l’observation des sensations profondes, produira peu à peu les conditions favorables au développement de la vie intérieure, la quête de la paix, la recherche de la Source, de cette joie intérieure qui émane du fond du coeur.
Sources : Claude Maréchal